015 - LIVRE BRESIL - Notre vie sans Maxime.

Publié par Lili Plume

015 - LIVRE BRESIL - Notre vie sans Maxime.

Le mois de janvier est une période chaude et humide à São José dos Campos. Tous les jours, vers 17 heures, des orages d’une violence inouïe éclatent. On court alors se réfugier dans le flat où Nathan, effrayé, s’accroche à ma jambe jusqu’à ce que tout se calme. Il faut dire que c’est spectaculaire ! Le ciel devient tout à coup complètement noir et des chutes d’eaux violentes transforment la ville en torrent par endroits. Mieux vaut ne pas conduire à ce moment-là ! Mais une heure après, le soleil réapparaît, le ciel redevient bleu et l’eau disparaît du sol, comme si rien ne s’était passé !

C’est au cours de ce premier mois que Nathan nage définitivement sans brassard. Ancienne nageuse et toujours abonnée aux piscines pour mon bien être physique et mental, je lui organise une sorte de stage intensif quotidien dans celle de l’hôtel. J’ai terriblement peur qu’il ne lui arrive malheur dans cette ville où l’on trouve des piscines absolument partout et surtout, sans barrières ni protections particulières. On sympathise alors autour du bassin avec une Brésilienne et sa fille de trois ans. Son mari travaille aux États-Unis et au Brésil. Cette femme, la quarantaine, n’a jamais travaillé de sa vie. Elle semble même franchement s’ennuyer. Je me dis immédiatement que vivre aux crochets de mon mari, sans rien faire des années entières, serait pour moi inenvisageable ! Il va vraiment falloir que je trouve une activité ici ! J’ai alors une subite crise d’angoisse. Je ne veux pas finir ainsi et faire de la poterie « parce qu’il faut bien faire quelque chose ! » Le cauchemar…

Et puis avec Nathan, on continue de se balader. Le dessin animé "Tarzan" est à l’affiche au cinéma de Colinas, le centre commercial le plus proche. Un héros peu bavard. Une histoire simple à comprendre. C’est parfait, vu notre niveau de portugais du moment. La séance ne coûte que quinze reais[1] (5 euros) et la moitié pour les enfants. Je sens qu’on va y retourner souvent ! Comme au théâtre, il faut réserver sa place en la choisissant sur un plan. Étrangement, les premiers spectateurs sont regroupés au fond de la salle. Je comprends vite. Le son est abominablement fort ! On se déplace donc immédiatement pour les rejoindre. Et puis, histoire pas forcément brésilienne mais rigolote quand même, je dois sortir avertir l’ouvreuse au bout de cinq minutes. Le dessin animé est diffusé au-dessus de l’écran, sur la moquette murale ! Le projectionniste a du s’endormir sur son projecteur !

Après le film, on se promène dans le centre commercial. L’occasion de se rendre compte de deux choses. Tout d’abord, l’omniprésence de Gisèle Bündchen dans les vitrines des magasins. Des vendeurs de vêtements aux bijouteries, en passant par les parfumeries. C’est bel et bien la star du Brésil ! Elle et Neymar Júnior, le nouvel espoir de la Seleção[2] pour la coupe du monde de football. Et puis, je remarque aussi la gentillesse des Brésiliens qui aiment indéniablement entrer en contact avec les étrangers pour leur souhaiter la bienvenue. Certains d’entre eux vont même faire l’effort de nous parler en anglais. Nathan se fait frotter la tête vigoureusement à plusieurs reprises. Je me fais aborder par un charmant militaire dans un magasin de lunettes. Il me dit qu’il était dans la Légion Étrangère en France et nous quitte en passant, lui aussi, sa main sur la tête de Nathan.

Sur le chemin du retour, par la fenêtre de notre taxi, j’aperçois au loin les enseignes…Décathlon, Carrefour et Leroy Merlin ! Ça valait bien la peine de faire des milliers de kilomètres, traverser un océan, changer de continent et poser ses valises pile sur un tropique pour retomber sur des enseignes françaises ! Vive l’exotisme !

Mais je décide quand même d’aller faire quelques courses à Carrefour histoire de remplir un peu notre frigidaire. À l’entrée du magasin, Nathan découvre, euphorique, des caddies gigantesques où il est possible de ranger toute la famille ! Les bébés dans la voiturette en dessous, les enfants à l’avant et sa femme à l’arrière. Un vrai mini bus ! Et ceux de Leroy Merlin ont même une caisse prête à accueillir l’animal de compagnie du visiteur ! Hallucinant ! Avant de rentrer, je décide de faire également un rapide crochet à Décathlon pour acheter de quoi affronter les futurs weekends plage qui nous attendent : planche de surf, ballon gonflable, maillot de bain, robe de plage…

Dès ces premières séances shopping, je réalise une chose terrible. M’habiller au Brésil va être pour moi tout un défi! Lors de nos vacances en Chine, quand j’entrais dans les magasins de chaussures, on me disait d’un air affolé en voyant mes pieds : « No big sizes! No big sizes ! [3]» Et quand j’essayais des vêtements, je vivais dans la peau d’une géante obligée de demander trois fois de suite la taille supérieure. Les shorts finissaient à chaque fois par bloquer au niveau des cuisses.

Ici au Brésil, c’est le contraire ! Même la taille P (Pequenho[4]) est énorme pour moi ! Je vais devoir m’habiller au rayon enfant ! Et je n’aborderai pas le thème des sous-vêtements... un sujet extrêmement douloureux… Ma taille n’existe pas !

Il faut dire que la Brésilienne, en tous cas dans cette région du pays, est plutôt ronde. Les collègues de Maxime lui disent préférer ce genre de physiques. Je lis à ce propos un article intéressant dans la revue populaire :"Veja". On y vente la femme aux formes généreuses car plus sexy et plus attractive. La photo à l’appui présente un mannequin enveloppé, en sous-vêtements, qui n’aurait jamais trouvé sa place dans une revue féminine en Europe. En postant cet article sur Facebook, des amies veulent sur le champ venir vivre au Brésil où leur physique sera, enfin, apprécié à leur juste valeur ! En tous cas, en ce qui me concerne, je vais avoir bien du mal à trouver un amant ici!

Mon autre problème vestimentaire : les strings. Il n’y a que ça ! Que ce soient les sous-vêtements ou les maillots de bains. Ça n’est pas du tout mon style. Pas de chance ! Et pour trouver la bonne vieille culotte classique confortable, il faut aller en magasins spécialisés et dépenser des sommes astronomiques. J’attendrai donc mon prochain retour en France pour refaire mes stocks…

[1] pluriel de real

[2] la Sélection : l'équipe de football du Brésil pour la Coupe du Monde

[3] Pas de grandes tailles !

[4] petit

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